i need something more (midnight)

Une semaine. Une putain de semaine à m’imaginer ce qu’elle faisait, si elle allait bien. Une semaine que je couchai au magasin par crainte de retrouver ma maison. Celle que je partageai avec elle. Semaine de merde où même mes clients, je n’arrivai pas à bien les renseigner et semaine où Padfoot enchaînait les bêtises. Ce n’était pas de sa faute, il était autant perturbé par l’absence de Red que moi. Lui aussi, il était attaché à elle. Il me manquait son sourire du matin, ses mimiques lors des gros blancs, ses larmes et son rire devant les séries. Elle me manquait. Jamais je ne lui avais pas parler pendant aussi longtemps. Je voulais lui pardonner mais le problème était que, lorsque je pensais à elle, je me l’imaginai dans les bras de cette fille qui l’avait embrassé à mon arrivée. Ah Red, si tu savais à quel point c’est douloureux. J’avais ouvert le magasin depuis une heure et un client se baladait dans les rayons, impatient que je vienne à sa recherche. J’aurai dû me réjouir, les clients se faisaient aussi rare que des stars dans mon magasin, mais non. Je ne pensais qu’à Red, qu’à son sourire, qu’à la fraîcheur de ses mèches brunes sur mon visage… Deux perles me regardaient et je vis que Paddy avait son regard noisette plongé dans mes yeux océans. « Elle te manque à toi aussi, hein. » Il leva la patte et se mit à pleurer pour acquiescer. Le client se racla la gorge pour attirer mon attention, je l’ignorai. Je me mis à la hauteur de l’animal. « Tu veux qu’on aille la voir Reddie ? » Comme réponse, il me lécha le visage. Je pris les clés du magasin sur le comptoir. « On ferme. » Le client me fixa, surpris. Le magasin ne devait fermer que dans deux heures et non maintenant. « Mais… » J’indiquai à Padfoot de faire le mort avec la main, il s’exécuta. « Écoutes mon vieux t’as eu une heure entière pour le choisir ton cd, là mon chien va mal je dois l’emmener au vétérinaire alors t’es gentil, tu repasses demain. Allez, dehors ! » Il sortit en un soupir, je claquai des doigts. Padfoot ouvrit un œil puis les deux et il se remit sur ses pattes. Je pris son museau entre des mains et y déposai un baiser. « Ouuh t’es un brave chien toi, tu sais. » Il secoua sa queue et attrapa mon chien pour me tirer vers l’extérieur. En un rire, je fermis le magasin à clé et quand je m’étais retourner, je vis qu’il était déjà sauter à l’arrière de la voiture. Sur le chemin, je m’arrêtai à la boulangerie prenant une triple portion de chouquettes, au cas où la fille était encore à la maison, pour ne pas paraître impolie. De toute façon, connaissant Red, elle était encore sous ses draps à cette heure-ci. Devant la maison, j’indiquai à Paddy de se taire. Si il aboyait, il ferait tout foirer. Je le fis descendre en silence et il s’assit devant la porte de la maison, à mes côtés. Je pris mon téléphone et composai le numéro de la brunette. Elle décrocha presque aussitôt. Bon signe. « Toc, toc, toc rouge. On tape à la porte. » Je raccrochai à mes mots et à l'aboiement de Padfoot. Puis je tapai à la porte, impatiente qu’elle vienne m’ouvrir.

J'eus un mouvement de recul, lorsque la voix de Midnight s'éleva au delà du portable. Je réalisai après seulement quelques secondes qu'elle se trouvait derrière la porte, notre porte. Sans attendre, et entendant les aboiements de Pad', j'allais ouvrir. Je ne savais pas si je devais sourire, lui sauter au cou, ou rester distante. Je la laissai donc rentrer, Pad avec, qui lui, n'hésite pas une seconde à me sauter dessus. Après quelques instants à me mordiller les mains, il essaya de s'installer sur notre lit, tout en me narguant. « Pad... ! » Il poussa une petite plainte, et alla finalement se coucher à sa place aux pieds de mon bureau. Je regardai aux alentours, et Midnight remarqua le bazar qui régnait dans la pièce, et elle savait tout aussi bien que moi que ce n'était pas dans mes habitudes. Je ne fis mine de rien, et fermai la porte derrière elle. J'avais toujours mon portable dans les mains. Je m'adossai à la porte, l'observant, attendant qu'elle parle. Ma tête était légèrement penchée, plaquée contre la porte. Pad faisait aller ses yeux de l'une à l'autre, attendant que l'une d'entre nous parle. Tout le long de cette semaine, je n'avais pas arrêter de penser à Midnight. Et pas toujours de la façon dont une amie devait le faire, je m'en étais juste rendue compte. Mais ses caresses, ses marques de tendresse, ces nuits passées avec elle, blottie contre elle, me manquaient. J'avais toujours besoins du contact de sa peau, de ses cheveux. J'avais besoins d'elle, et il me semblait impossible de passer une nouvelle semaine sans elle. Voyant qu'elle ne daignait pas se bouger, je secouai la tête légèrement, et m'approchai d'elle. Mon visage se colla au sien, mes lèvres déposant un baiser sur sa joue, mais peut-être trop au creux de ses lèvres. Elle se recula, le regard perdu. Je restai net devant elle, sans lâcher ses mains, dans lesquelles je venais de blottir mes propres mains. Elle fronça les sourcils, et se dégagea de mon étreinte, pour aller se caler en face de la fenêtre. J'hésitai. Mais je pensais réellement savoir ce que je voulais maintenant. Une nouvelle fois, je la suivis. Mon visage s'enfuit dans son cou, mes mains sur ses hanches. Mon souffle se saccada légèrement, alors que je pouvais voir dans le reflet de la vitre, Midnight fermer ses yeux.

J’avais pris une grande inspiration avant qu’elle ne m’ouvre. J’étais partagée, certes j’étais venue car elle me manquait mais elle, elle devait me détester. Après tout, je l’avais expulsée de mon magasin et je l’avais rejetée, chose qui ne se faisait jamais entre des meilleures amies. Lorsque je vis son visage, je m’étais rendue compte qu’en la rejetant, j’avais fais une connerie. J’avais merder au plus haut point. Elle semblait être si… fatiguée et perdue. Sans un mot, elle me laissa rentrer dans la maison. C’était mauvais signe, en temps normal elle m’aurait au moins fait la bise. Mon regard fit le tour de la pièce et encore un mauvais signe. Red était une maniaque du ménage, elle détestait qu’une pièce soit mal rangée, ce qui était ma spécialité et pourtant là, il semblait qu’elle n’ait pas toucher à un aspirateur depuis des jours. Je sursautai lorsqu’elle fit claquer la porte mais évitai toujours de croiser son regard. Elle s’approcha de moi, ses pas firent grincer le parquet de l’appartement. Elle s’approcha si vite que je ne compris pas de suite ce qu’elle faisait, ses lèvres s’approchèrent des miennes et elle déposa un baiser au creux de mes lèvres. Chagrinée d’avoir penser qu’elle allait réellement m’embrasser, je m’étais reculée mais elle refusait cependant de lâcher mes mains. Je me dégageai et me plaçai devant la fenêtre, contemplant l’extérieur. En essayant de cacher mes sentiments de la meilleure façon possible. Elle n’était pas d’humeur à me laisser seule et passa ses mains autour de moi, enfouissant son visage dans mon cou. Je pouvais sentir son souffle sur ma peau. Je fermai les yeux et restait ainsi pendant un moment. Profitant du mieux que je le pouvais de cette situation. Au bout de quelques minutes, j’ouvris le yeux et me dégageai de son étreinte. « J’ai pris des chouquettes pour le petit déjeuner. » J’essayai de paraître le plus normale mais depuis son câlinage j’avais du mal à reprendre mon souffle habituel. « Par contre chérie, faut vraiment que t’ailles prendre une douche parce que là, t’as une mine affreuse. » Je lui souris tout en lui remettant une mèche derrière son oreille. « Tu sais quoi, je vais ranger un peu, tu vas prendre ta douche et après on déjeune, allez file et ne mets pas trois plombes comme d’habitude ! »

Je me reculai, le visage renfrogné par sa remarque. J'étais assez susceptible, et elle le savait. « Ouais, à qui la faute, hein. » Mes yeux se fermèrent au moment même où ces mots sortirent de ma propre bouche. Je soupirai et me dirigeai vers la salle. Je laissai la porte entre ouverte, par oubli. Je réalisai seulement une fois sous ma douche que Midnight m'avait dit qu'elle allait ranger. À cette pensée, je secouai la tête, me doutant bien que je pouvais même rester trois heures dans la douche, et presque rien n'aura bougé de place. Le ménage ce n'était pas son truc. Je restai quelques minutes sous l'eau chaude, plaquant ma tête contre la paroi, pensive. Je sortis enfin, enfilai une serviette autour de mon corps, et laissai mes cheveux mouillés. Quand j'arrivai dans la chambre, Midnight était entrain de mettre de l'ordre sur mon bureau, elle me regarda quelques instants, puis reposa son attention sur le bureau, comme si elle avait voulu me fuir des yeux. Je soupirai à nouveau, et partis vers ma garde robes. Une fois habillée, Pad sauta littéralement sur moi. Et je me mis à râler. « HA MAIS NON, J'AI PLUS BESOINS DE DOUCHE, LA, C'EST BON PAD. » Il se retira, la queue entre les pattes, et alla se coller à Midnight. Elle s'avança un peu vers moi, puis changea d'avis, vu qu'elle se recula pour prendre les chouquettes. C'était calme, trop calme. J'en avais marre, j'avais besoins qu'elle me parle, qu'elle me sourit, franchement. Le silence était pesant. Bien trop. J'attrapai une chouquette qu'elle me tendit, et j'en mordis un bout, sans grand enthousiasme. Elle fit de même. Je reposai la chouquette, et frottai mes mains. « Tu sais quoi ? j'en ai marre. Fais ta silencieuse si tu veux, ou fais genre que rien ne s'est passé, mais c'est pas le cas pour moi. »